Reprise de l’exposition du 15 septembre au 10 octobre 2021 (initialement présentée du 29 octobre 2015 au 14 février 2016)

Pour souligner la réouverture de l’Usine C, dans ses espaces récemment rénovés, l’Écomusée du fier monde vous invite à voir, ou à revoir, l’exposition Confitures et marinades Raymond : faites pour plaire ! 

S’appuyant sur une recherche historique originale et des archives inédites, l’exposition Confitures et marinades Raymond : faites pour plaire! propose de découvrir l’histoire d’une grande entreprise de transformation alimentaire montréalaise, dont les produits ont fait le bonheur des familles québécoises pendant près de sept décennies.

Enregistrement sonore, publicité Alphonse Raymond Ltée, 1962-1963.
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Un complexe industriel inscrit dans le paysage

Alphonse Raymond amorce sa carrière d’industriel en 1905, alors qu’il acquiert une petite conserverie sur la rue Plessis. Quelques années plus tard, en 1913, il fait construire une nouvelle usine de trois étages qui s’insère aux côtés de petites habitations ouvrières, rue Panet. Le site connaît ensuite différentes phases d’expansion. Un quatrième étage est ajouté en 1920. Plus tard en 1929, un entrepôt est érigé à l’angle de l’avenue Lalonde. Ce bâtiment est agrandit en 1947, lors de l’ajout d’une nouvelle chaufferie et d’une immense cheminée. Finalement, une dernière section est construite en 1955. Au terme de son développement, le complexe comprend deux ensembles de bâtiments reliés par une passerelle qui est une composante remarquable du patrimoine industriel montréalais. L’Usine C occupe aujourd’hui l’ancien entrepôt de l’avenue Lalonde.

Pot de confiture Raymond, tiré d'une publicité, 1920. Revue moderne, Écomusée du fier monde
Pot de confiture Raymond, tiré d’une publicité, 1920.
Revue moderne, Écomusée du fier monde

Confitures et marinades

Lorsqu’Alphonse Raymond fonde son entreprise, il fait figure de pionnier au Québec. Les confitures et les marinades que l’on trouve alors dans le commerce sont généralement importées de Grande-Bretagne. Mais la population montréalaise augmente rapidement et les habitudes alimentaires se transforment. Le marché urbain est en croissance et offre de nouvelles opportunités aux entrepreneurs.

La confiture de fraises est sans doute le produit ayant le plus contribué à la renommée d’Alphonse Raymond. À celle-ci, il faudra ajouter les confitures de framboises, de pêches, de cerises, d’ananas et la marmelade d’oranges. Les marinades se déclinaient aussi en plusieurs variétés, sûres ou sucrées. Les cornichons, les petits oignons blancs, les betteraves ou le « chow-chow », ont aussi contribué aux succès de l’entreprise, tout comme les nombreuses variétés de légumes en conserve.

La mayonnaise et le catsup Raymond, le ketchup, occupent aussi une place de choix sur les tablettes des épiciers. Dans les années 1960, la maison Raymond offre plus d’une centaine de produits au Québec, dans les Maritimes et en Ontario. La marque Raymond est toujours réservée aux produits de la plus haute qualité. Mais d’autres marques comme Nationale, Marquette ou Red Star sont fabriquées à moindre coût pour être vendues à meilleurs prix.   

Publicité pour les produits Raymond dans une revue destinée aux épiciers, 1936. Le Détaillant en produits alimentaires, vol. X, no 7
Publicité pour les produits Raymond dans une revue destinée aux épiciers, 1936. Le Détaillant en produits alimentaires, vol. X, no 7
Deux employés s’affairent près d’un cuiseur pour la confiture, vers 1955. Archives – HEC Montréal, Fonds Alphonse Raymond, P078/Z, 0001
Deux employés s’affairent près d’un cuiseur pour la confiture, vers 1955. Archives – HEC Montréal, Fonds Alphonse Raymond, P078/Z, 0001

L’approvisionnement

L’approvisionnement est un défi complexe pour une entreprise comme Alphonse Raymond. La production des confitures et des marinades est étroitement liée à la qualité et à la quantité des fruits et des légumes disponibles. Plusieurs fournisseurs sont mis à contribution et procurent une bonne partie des matières premières, dont l’entreprise a besoin. Certains intermédiaires importent des oignons ou des cornichons de Hollande; des olives et des oranges d’Espagne ou de Jamaïque; des ananas d’Australie ou de Singapour. Pour les cerises, les pêches ou les prunes, Raymond s’approvisionne en Ontario ou en Colombie-Britannique, alors que des fournisseurs américains sont aussi sollicités pour l’achat de fraises.

Mais Raymond développe aussi des liens directs avec de nombreux cultivateurs de la province. Il aurait même contribué à promouvoir la production locale des fraises, en plus d’introduire la culture à grande échelle du chou-fleur auprès de plusieurs producteurs. Dans les années 1960, ce sont plus de 500 cultivateurs qui vendent leurs récoltes directement à Raymond.

Un entrepreneur d’envergure

Né en 1884, Alphonse Raymond est le portrait type de l’entrepreneur qui s’est bâti lui-même. Issu d’un milieu modeste, il s’installe à Montréal, en 1902 et se lance en affaires en 1905. Sa conserverie n’occupe d’abord qu’un petit deux-pièces de la rue Plessis. Il n’emploie que quelques ouvriers et s’implique lui-même dans toutes les étapes de la fabrication et de la commercialisation de ses produits. Après quelques années à voir son entreprise prospérer, Alphonse Raymond devient un homme d’affaires d’envergure. Au cours de sa carrière, il siège à de nombreux conseils d’administration. Il est membre de la Chambre de commerce de Montréal et de plusieurs autres clubs sélects. En plus de mener plusieurs activités philanthropiques, il s’implique auprès de l’Université de Montréal qui lui décerne un doctorat honorifique en 1943. Il participe aussi à la vie politique. Après la victoire de Maurice Duplessis, en 1936, il est nommé au Conseil législatif et en devient le président. Il décède en juin 1958, alors que son fils Jean assume déjà la relève.

Portrait officiel d’Alphonse Raymond alors président du Conseil législatif de la province de Québec, 1936. Archives – HEC Montréal, Fonds Alphonse Raymond, P078/Z, 0001
Portrait officiel d’Alphonse Raymond alors président du Conseil législatif de la province de Québec, 1936.
Archives – HEC Montréal, Fonds Alphonse Raymond, P078/Z, 0001

Travailler chez Raymond

Les succès de l’entreprise reposaient aussi sur la contribution d’hommes et de femmes qui ont consacré plusieurs années de leur vie à travailler chez Raymond. La main d’œuvre est partagée entre les ouvriers saisonniers et les employés permanents. Lors de la période des récoltes, ils sont des centaines à franchir les portes de l’usine pour recevoir et préparer les fruits et les légumes. Chaque été, des jeunes du quartier, garçons et filles, viennent à l’entrepôt de l’avenue Lalonde pour y équeuter des fraises. Assis sur des tabourets, devant de grandes tables, ils reçoivent, à la fin des années 1940, un sou du casseau. Pour plusieurs, ce fut une première expérience de travail qui leur permettait parfois de se faire une place au sein des employés permanents.

L'Usine C, 2009. Écomusée du fier monde
L’Usine C, 2009. Écomusée du fier monde

La fin de l’entreprise

Les années 1960 sont difficiles pour les successeurs d’Alphonse Raymond. Les ventes connaissent un recul et l’entreprise s’adapte mal à l’évolution du commerce et à la compétition des grandes multinationales. Au début des années 1970, peu après le décès de Jean Raymond, la compagnie passe aux mains du groupe Gattuso, spécialisé dans la fabrication de marinades, de purées et de sauces à la tomate. La production des produits Raymond est transférée dans une usine de ville Saint-Laurent et la marque « Raymond » disparaît vers la fin des années 1970.

Balado De l’usine à la piscine

Téléchargez gratuitement le balado De l’usine à la piscine, qui vous emmène de l’Usine C à l’Écomusée du fier monde, situé dans l’ancien bain Généreux. Une façon originale de découvrir l’histoire et le patrimoine du Centre-Sud!

Activités passées

Équipe de production

Commissaire d’exposition : Éric Giroux

Conception visuelle, graphisme et coordination technique : Diane Urbain

Direction de la recherche et validation scientifique : Joanne Burgess, Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal 

Bande logos Raymond