L’expression familière « Run de lait » décrit le travail du laitier qui sillonnait quotidiennement les rues de la ville pour distribuer du lait frais aux familles montréalaises. Cette époque de la livraison du lait de porte à porte, est aussi symbolisée par l’utilisation d’un contenant bien particulier : la bouteille à lait en verre, qui a marqué plus d’une génération.
L’exposition Run de lait propose de suivre le parcours de cette bouteille dans le temps et dans l’espace montréalais. Le périple s’amorce dans l’usine laitière, lieu de rencontre entre la bouteille et son précieux contenu. De nombreuses entreprises laitières, établies dans différents quartiers de la ville, vont se partager le marché montréalais une bonne partie du 20e siècle.
La bouteille amorce ensuite son trajet à l’extérieur de l’usine, dans une ville qui se transforme, alors que le laitier s’assure de la mener jusqu’à la porte de ses clients. Ce dernier déploie diverses stratégies pour accroître sa clientèle et développe une relation de confiance avec celle-ci.
C’est à la fin des années 1960 que le périple de la bouteille s’interrompt avec l’adoption de nouveaux contenants. Cette période est aussi marquée par une transformation du travail du laitier, qui répond de moins en moins à une clientèle résidentielle.

Collection patrimoine laitier montréalais, Écomusée du fier monde
La bouteille
C’est à Jacques Janvier Joubert, un fermier de Saint-Léonard-de-Port-Maurice, que revient le mérite d’avoir introduit les premières bouteilles à lait en verre sur le marché montréalais, en 1892. Rapidement, Joubert délaisse la production laitière pour se consacrer à la distribution. Il s’établit d’abord sur la rue Rachel en 1899, mais se fait construire une nouvelle usine plus imposante en 1906.

Collection Claire Beaugrand-Champagne
L’usine laitière

Réception du lait à La Ferme St-Laurent, rue Garnier, vers 1952.
Collection Robert Benoit – Laiterie Charlevoix/Économusée du fromage
Les premières usines laitières sont des bâtiments, souvent modestes, servant surtout à l’embouteillage et à l’entreposage. L’adoption d’un règlement imposant la pasteurisation du lait vendu sur le marché montréalais, en 1925, implique l’ajout de certains équipements. L’usine laitière se développe et le processus de transformation du lait se modernise. Une main-d’œuvre de plus en plus spécialisée s’assure d’offrir un lait de qualité et d’autres produits laitiers à leur clientèle.

Roger Landreville, employé de l’usine de J.J. Joubert, vers 1949.
Collection Julie Landreville

Collection patrimoine laitier montréalais, Écomusée du fier monde
La distribution

Collection Vallée
La distribution du lait est une étape très importante dans tout le processus de commercialisation du produit. Le laitier doit s’assurer de bien contrôler la température de son chargement pour en maintenir la qualité. Un service courtois, attentionné et fiable est aussi le secret pour conserver, ou même accroître, sa clientèle. Pour de très nombreux laitiers, le cheval a été un compagnon de route très utile. L’animal est cependant, peu à peu, déclassé par le camion, qui permet d’augmenter le volume de lait livré et de parcourir de plus longues distances.

Collection Robert Benoit – Laiterie Charlevoix/Économusée du fromage
Un patrimoine
Dans la seconde moitié du 20e siècle, nous assistons à la disparition de nombreuses entreprises laitières au profit des grands groupes industriels, comme Agropur. De nouveaux contenants remplacent la bouteille en verre et les chaînes d’alimentation se dotent de grands comptoirs de produits laitiers. La livraison du lait de porte en porte décline et devient une part marginale du travail de livraison du laitier. Aujourd’hui, l’histoire de l’industrie laitière montréalaise subsiste dans quelques traces laissées dans le paysage urbain, mais aussi par l’entremise de certains projets de mise en valeur, comme le projet Run de lait.

Photo : Julie Landreville, Collection patrimoine laitier montréalais, Écomusée du fier monde

Photo : Julie Landreville, Collection patrimoine laitier montréalais, Écomusée du fier monde
Une exposition présentée du du 15 octobre 2010 au 6 mars 2011
Équipe de production
Commissaire d’exposition : Éric Giroux
Conception visuelle, graphisme et coordination technique : Diane Urbain
Direction de la recherche et validation scientifique : Joanne Burgess, professeure au Département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal